Janot, le gardien du temple
Mis en concurrence l'été dernier avec Vincent Planté, transfuge du Stade Malherbe de Caen, et critiqué au coeur de la série noire des Verts, Jérémie Janot est toujours fidèle au poste dans la cage stéphanoise. Les Marseillais, qui n'ont eu de cesse de buter sur lui samedi dernier, peuvent en témoigner. Le gardien de l'ASSE sera une nouvelle fois en première ligne mardi à Lens en ouverture de la 19e journée.
"C'est un monstre. On le connaît, ça ne nous étonne même plus." On pouvait espérer que le bénéficiaire de cet hommage rendu au terme du match nul entre Saint-Etienne et Marseille samedi soir à Geoffroy-Guichard soit Jérémie Janot. Ce dernier en est simplement l'auteur, saluant ici une parade décisive de son homologue marseillais, Steve Mandanda, au micro de Canal +. La solidarité des gardiens. La marque aussi d'un grand respect pour les titulaires de ce poste si particulier, où rien n'est jamais pardonné, où la moindre erreur se paie cash et où la roue tourne parfois plus vite que le ballon.
Encensé pour ses performances avec l'équipe de France contre l'Irlande lors des barrages à la Coupe du monde 2010, Hugo Lloris, le dernier rempart de Lyon, coupable d'une sortie approximative à l'origine de l'égalisation monégasque dimanche soir à Louis II (1-1), peut témoigner, comme tous ses collègues de la confrérie des footballeurs gantés, de la fragilité des positions à l'endroit des gardiens. A 32 ans, Jérémie Janot, le portier des Verts depuis bientôt quinze ans, ne le sait que trop bien. Mis en concurrence l'été dernier avec Vincent Planté, transfuge du Stade Malherbe de Caen, il a convaincu Alain Perrin de le maintenir à son poste. Une récompense à double tranchant, comme toujours, puisqu'en première ligne dans la tempête forézienne, il n'a pas échappé à la critique.
"Jamais coulé !"
Mais s'il est une qualité qu'aucun ne pourra enlever au natif de Valenciennes, c'est sa combativité. "Moi, j'ai une devise: souvent touché, jamais coulé", confiait-il au micro de Foot+ un soir de novembre après un succès des Verts à Nancy (1-0). "Retenez bien ça, jamais coulé!" L'intéressé en fait régulièrement la démonstration. Coupable sur le but victorieux de Gomis lors du derby face à Lyon, Janot aurait pu se cacher sous ses 39° de fièvre ce soir-là pour expliquer sa boulette. Il ne le fera pas. Sous le feu des critiques au coeur de la série noire des Verts, et plus encore après les deux derniers matches contre Lille (0-4) et Paris (0-3) où il est allé chercher à sept reprises le ballon au fond de ses filets, l'indécrottable amoureux de l'ASSE a répondu sur le terrain samedi soir, imperméable devant la demi-douzaine d'occasions que se sont procurées des Marseillais en supériorité numérique pendant plus de 80 minutes.
Alors quand Christophe Galtier, le tout jeune successeur d'Alain Perrin sur le banc stéphanois, adresse, à l'issue de sa première dans le costume d'entraîneur, un "grand bravo à [s]es joueurs pour leur bravoure", on ne peut s'empêcher d'y voir aussi un message particulier à l'ange-gardien stéphanois. Et encore plus quand l'ancien Marseillais assure avoir "vu dans le vestiaire des regards qui en disent long, ceux de joueurs qui vont s'accrocher". On parierait que Janot, fidèle parmi les fidèles du Chaudron en Ligue 1 comme en Ligue 2, au point d'envisager une reconversion à l'ASSE, fait partie de la bande.
De retour mardi dans une région qu'il apprécie, celui qui compte aujourd'hui près de 200 matches sous le maillot des Verts (196) en première division sera encore en première ligne face à Lens lors de la 19e journée. Un dernier rempart invité à donner toutes les chances à Saint-Etienne de l'emporter comme le souhaite Christophe Galtier : "Nous avons besoin de points. Nous voulons donc gagner. (...) A moi de mettre en place une organisation pour contrarier notre adversaire mais également pour apporter le danger offensivement. Je veux que l'équipe marque des buts. Pour gagner, il faut marquer." Et pas seulement ne pas prendre de buts. Même si Janot est un homme sur lequel on peut s'appuyer.